Market Monitor Construction Allemagne 2017

• La croissance devrait s'accélérer en 2017
• Le problème du mauvais comportement de paiement des acheteurs publics persiste
• Certains segments s'avèrent très vulnérables

 

 

 

 

En 2016, le secteur allemand de la construction a continué d’afficher de solides performances principalement tirées par un rebond de la construction de logements. Selon l’association allemande des professionnels de la construction BVE, le chiffre d’affaires s’affichera en hausse de 5% en 2016, à plus de 112 milliards d’euros. La construction de logements devrait croître de 7%, stimulée par un taux d’emploi élevé, la faiblesse des taux d’intérêt et le besoin en logements neufs créé par l’afflux de réfugiés et de demandeurs d’asile. Pour la construction de bâtiments publics, on s’attend à une augmentation de 5% grâce à des investissements plus élevés dans les infrastructures, tandis que la production de bâtiments commerciaux devrait croître de 3%. Cependant, malgré la croissance enregistrée depuis les dix dernières années et les perspectives favorables, le niveau d’activité des années 1990 n’a plus été atteint et la part du secteur dans l’économie nationale a décliné d’environ 3%, comparativement à plus de 6% au milieu des années 1990. 90% des entreprises du secteur sont des petites entreprises qui emploient moins de 20 personnes et représentent 45% du chiffre d’affaires total du secteur de la construction. Un pourcentage de 45% du chiffre d’affaires du secteur est réalisé par des entreprises comptant 20 à 100 employés; le reste du chiffre d’affaires (10%) est généré par de grandes sociétés dont les effectifs dépassent la centaine de personnes. Les petites entreprises sont principalement axées sur la construction d’habitations (environ 70% des opérations), tandis que la majeure partie du chiffre d’affaires des grandes sociétés est généré à l’étranger.

 

 

 

 

En moyenne, les paiements dans le secteur allemand de la construction prennent environ 45 à 50 jours. Après avoir diminué en 2015, les défauts de paiement sont restés stables en 2016, une tendance positive qui devrait se poursuivre au premier semestre 2017. Grâce à l’accroissement de la demande et à l’amélioration des marges de rentabilité, les faillites dans le secteur ont diminué ces dernières années (-2% en 2016) et elles devraient rester stables, voire décliner légèrement en 2017. Les paiements anticipés ou par tranches des investisseurs étant une source majeure de financement, la dépendance des entreprises de construction à l’égard du financement bancaire n’est pas excessivement élevée.

 

Cependant, malgré un contexte favorable dans l’ensemble, nous considérons toujours la construction comme un secteur plus risqué que les autres. En effet, la proportion de faillites dans le secteur de la construction reste encore plus élevée que dans d’autres industries allemandes. D’après Creditreform, en 2016 il y a eu 94 faillites pour 10 000 entreprises dans le secteur de la construction, contre 42 pour 10 000 dans le secteur manufacturier. Les faillites dans le secteur de la construction représentent encore environ 16% du total des faillites d’entreprises allemandes.

 

Le mauvais comportement de paiement des acheteurs publics reste un point noir qui pèse fortement sur la trésorerie de leurs fournisseurs. De nombreuses entreprises de construction – surtout les petites – affichent traditionnellement de faibles ratios dettes/fonds propres (la proportion de capitaux propres utilisée pour financer les actifs d’une entreprise) et une solidité financière limitée, ce qui les rend vulnérables à tout retard ou défaut de paiement.

 

Nous avons observé une hausse des demandes d’indemnisation dans certains segments liés à l’aménagement intérieur (installations, plâtrage, peinture et vitrage). Les entreprises impliquées au stade final des projets de construction peuvent être affectées par les contraintes budgétaires du pouvoir adjudicateur, ce qui constitue souvent un problème. Le manque de compétences commerciales de ces entreprises, souvent très petites, constitue également une difficulté.

 

 

 

 

Compte tenu des bonnes performances enregistrées par les secteurs allemands de la construction et des matériaux de construction ces dernières années et des perspectives économiques prometteuses pour 2017, notre politique de couverture à leur égard reste très souple. Pour évaluer le risque acheteur, en général nous examinons les résultats d’exploitation, les fonds propres, la trésorerie et le financement (par ex. le ratio travaux en cours / paiements d’avance) et le carnet de commandes.

 

Mais nous sommes plus circonspects s’agissant des segments des travaux d’aménagement intérieur mentionnés ci-dessus et des entreprises opérant principalement pour des clients publics (routes et chemins de fer et autres constructions d’infrastructures). Ces opérateurs sont souvent confrontés à des retards de paiement de la part de leurs clients, ce qui pourrait mettre à mal leurs liquidités. Lorsque nous évaluons la solvabilité des entreprises de construction et de matériaux de construction actives depuis moins d’un an, l’insuffisance des informations et le manque de recul nous conduisent naturellement à être très prudents, à moins qu’elles ne fassent partie d’un grand groupe ou qu’elles en soient issues.