PIB en croissance en 2016 mais encore en dessous du potentiel de croissance du pays, et l'instabilité politique demeure un problème.
Situation politique
Chef d'Etat : Roi Bhumibol Adulyadej (depuis juin 1946)
Ched du gouvernement : Premier Ministre général Prayuth Chan-ocha (depuis août 2014)
Type de gouvernement : Monarchie constitutionnelle. Actuellement, un gouvernement intérimaire provisoire est en place.
Population: 67.9 millions
La stabilité est rétablie pour le moment mais des problèmes fondamentaux persistent
En 2013 et au début 2014, la crise politique en Thaïlande a repris, combinée à des manifestations de masse et de violentes protestations. En mai 2014, la révocation du Premier Ministre Yingluck Shinawatra par jugement de la Cour constitutionnelle a été immédiatement suivie par un coup d'État militaire. Un Conseil National de la Paix et de l'Ordre fut mis en place, dirigé par le Général Prayuth, qui a été nommé Premier Ministre. La junte militaire a imposé une loi martiale et un couvre-feu national, et a abrogé la constitution.
La junte militaire est déterminée à demeurer au pouvoir pour le moment. Une nouvelle constitution a été ébauchée et conçue afin de contenir les pouvoirs des politiques populistes, p.ex. en cédant les principaux pouvoirs politiques à des bureaucrates non élus aux dépens d'un parlement élu. Le gouvernement a déclaré que la nouvelle constitution sera soumise à un referendum public, mais la date de celui-ci demeure floue. En parallèle, le gouvernement a annoncé que les élections générales n'auront pas lieu avant 2017.
Cela signifie qu'un certain degré de stabilité politique semble être assuré à court terme. Cependant, à long terme, l'incertitude politique demeure un problème fondamental compte tenu du fait que le conflit structurel sous-jacent découlant du profond fossé politique, social et économique entre l'ancien établissement dans le sud (cour royale, armée, magistrature et classe urbaine aisée) et les ruraux pauvres dans le nord n'a pas encore été résolu, et il est peu probable qu'il disparaisse bientôt. Une forte disparité de revenus couplée à la pauvreté a accru l'instabilité sociale qui, avec la tendance politique autocratique actuelle, augmente la probabilité de nouvelles protestations à grande échelle. Cela incite le gouvernement militaire à lancer des politiques de transfert populistes coûteuses au lieu de calmer les ruraux pauvres.
Situation économique
Modeste reprise économique après le coup d'Etat militaire
L'incertitude politique a induit un faible taux de croissance économique de 0,9% en 2014 car les investissements et les dépenses gouvernementales furent en recul et la confiance des consommateurs s'en est trouvée négativement affectée. Ceci étant, avec le retour de la stabilité politique, la croissance a repris en 2015, essentiellement soutenue par une demande nationale accrue et une consommation gouvernementale plus élevée, des investissements publics forts en faveur des infrastructures, un accroissement de la productivité et des avantages fiscaux destinés aux entreprises. Les dépenses gouvernementales devraient également soutenir la croissance du PIB en 2016, prévue à 2,5%.
Les dépenses publiques accrues devraient seulement induire une légère augmentation des déficits publics en 2015 et 2016 car un élargissement de l'assiette fiscale dégagera des recettes supplémentaires. La junte militaire a mis un terme à l'envolée coûteuse et inefficace des programmes d'achats de riz du précédent gouvernement, lesquels constituaient un sérieux handicap pour les finances publiques.
L'endettement élevé des ménages est susceptible de constituer un problème à l'avenir
La dépendance au tourisme expose la Thaïlande aux replis économiques des autres marchés (en particulier la Chine dont la majeure partie des touristes viennent) et aux risques liés aux problèmes de sécurité. Concernant les exportations, chaque demande chinoise a eu un impact mais les marchés vers lesquels la Thaïlande exporte sont plutôt diversifiés. Contrairement à certains autres pays d'Asie du Sud-Est, la Thaïlande n'est pas un grand exportateur de minéraux, dépendant de la Chine pour l'essentiel de ses exportations. L'excédent de compte courant thaïlandais devrait se réduire en 2015 et 2016 et en présence d'une compétitivité relativement en recul, les excédents résulteront largement de moindres volumes d'importation combinés à une chute du prix des marchandises à l'importation.
L'endettement élevé des ménages, l'inégalité et la faiblesse des revenus (en particulier dans les zones rurales) restreignent les perspectives d'accroissement futur des dépenses des ménages. Avec plus de 150% du PIB, la dette du secteur privé est extrêmement élevée par rapport aux normes des autres pays asiatiques et aux économies avancées. La demande nationale liée à la dette ne pourra augmenter à long terme, ce qui induira des taux de croissance plus faibles à l'avenir.
Certaines bases économiques résistantes
La dette publique thaïlandaise (47 % du PIB) est viable, le financement extérieur en représentant seulement 15 %, tandis que la dette libellée en devises étrangères représente tout juste 4,5 % du PIB, ce qui isole le gouvernement des chocs extérieurs. La vaste capacité de paiement et la liquidité du pays sont étayées par la faiblesse de la dette extérieure (en 2015 : 35 % du PIB et 51 % d'exportations, et une dette CT équivalant à 42 % du PIB). Les prévisions tablent sur des réserves internationales correspondant à environ sept mois de couverture des importations en 2015 et 2016.
La Thaïlande est relativement coupée des tendances externes négatives via sa monnaie qui est l'une des plus stables d'Asie du Sud-Est. Les investissements indirects à court terme sont plutôt faibles tandis que les afflux d'investissements directs étrangers à plus long terme (essentiellement du Japon) sont stables.
Des perspectives à long-terme plus en demi-teinte
Le risque souverain et le risque de change thaïlandais est sont faibles et les perspectives économiques à court terme sont positives mais plus négatives à long terme, en raison d'une concurrence internationale en recul, de niveaux d'endettement privé importants et de l'incertitude politique qui s'annonce. Tandis que la croissance économique actuelle se fonde essentiellement sur les investissements gouvernementaux et sur un rétablissement de la confiance des consommateurs et des entreprises, celle-ci pourrait à nouveau s'ébranler en cas de nouveaux troubles politiques, (par exemple avant les prochaines élections générales).
L'avenir politique de la Thaïlande demeure incertain, compte tenu de divisions politiques, sociales et économiques profondes et persistantes au sein du pays.
Documents associés
724KB PDF